Thierry Jonquet, Le manoir des immortelles
Un chantier... De la boue… Et le cadavre décapité d’un homme très vite identifié comme étant le collègue médecin légiste du commissaire arrivé sur les lieux. Cela pourrait être pire comme début d’enquête. Au moins l’on connaît l’identité de la victime, ses habitudes et ses proches. Pas si simple… Pourquoi son portefeuille se trouvait-il dans sa poche alors qu’il l’avait perdu ? Quel est cet outil ayant donné la mort et qui laissa sur la plaie très nette du cou ces très légères taches de rouille ? Y-a-t-il d’autres décapités, un lien avec une affaire beaucoup plus vaste, pourquoi cette mort étrange, et qui est cet homme qui semble en surveiller d’autres en leur attribuant des numéros avant de rentrer chez lui dans l’anonymat des banlieues ? Le manoir des immortelles cache bien des secrets et porte bien son nom…
Encore un Jonquet ? Tssss ! Ce n’est que le cinquième !
Le début de ce roman est tout simplement exceptionnel et l’on reconnaît instantanément la plume de Thierry Jonquet. Tous les ingrédients que j’aime y sont présents : un style simple et efficace à travers lequel l’auteur insère son énigme. Les premières pages suscitent en effet de nombreuses questions. Un homme qui s’est donné le pseudonyme d’Hadès observe, à travers une fenêtre, les allées et venues d’un mystérieux Numéro 52. On comprend bien vite qu’avant ce numéro 52, il y en a eu d’autres… Les 51 précédents ne semblent pas tous avoir subi le même sort. Qu’est-ce qui les rapproche et qu’est-ce qui, en même temps, fait leur différence ? Pourquoi Hadès expose-t-il une photo de chacun sur les murs du studio qui lui sert de poste d’observation ? Tandis qu’Hadès suit ce qui paraît être un rituel, la police s’affaire : Harville, le médecin légiste, vient d’être retrouvé assassiné dans des circonstances très particulières… Le commissaire Salarnier, dont la femme est gravement malade, est sur l’enquête.
J’ai énormément apprécié cette lecture et pourtant, ce n’est pas encore ce roman qui dépassera, dans mon cœur de lectrice, l’excellent Mygale ou encore La Bête et la Belle. En fait, c’est la fin qui, je crois, m’a un chouïa déçue… L’ai-je trouvée un peu moins saisissante que dans les romans cités précédemment ou ne l’ai-je tout simplement pas comprise ? J’ai un doute…
L’œuvre en quelques mots…
« Numéro 52 était un petit bonhomme rondouillard, au crâne chauve protégé de la froidure par une toque d’astrakan noire. Numéro 52 ignorait qu’il était ainsi affublé d’un numéro.
I rajusta sa mise en examinant sa silhouette boudinée dans la vitrine d’un pressing. Un vent glacial soufflait dans la rue. Un manteau en poil de chameau, ainsi que des sous-vêtements de tissu thermolactyl tenaient bien chaud à Numéro 52. Il était donc là, Numéro 52, à contempler son image dans le miroir qu’offrait la devanture d’une boutique de nettoyage automatique, un jeudi de novembre. » (p.9)