Milena Agus, Mal de pierres
Au centre, l'héroïne : jeune Sarde étrange « aux longs cheveux noirs et aux yeux immenses ». Toujours en décalage, toujours à contretemps, toujours à côté de sa propre vie... A l'arrière-plan, les personnages secondaires, peints avec une touche d'une extraordinaire finesse: le mari, épousé par raison pendant la Seconde Guerre, sensuel taciturne à jamais mal connu; le Rescapé, brève rencontre sur le Continent, à l'empreinte indélébile; le fils, inespéré, et futur pianiste; enfin, la petite-fille, narratrice de cette histoire, la seule qui permettra à l'héroïne de se révéler dans sa vérité. Mais sait-on jamais tout de quelqu'un, aussi proche soit-il ?
Voici un petit livre d’à peine 150 pages que j’aurais voulu aimer. Un livre qui a fait naître de très belles critiques… qui ont su me prendre au piège. Il était évident que ce titre, repéré depuis un bon moment sur la blogosphère, serait ma lecture pour le challenge. Et je l’ai lu sans déplaisir, mais sans réel enthousiasme. Outre le fait que l’histoire n’a pas su me captiver, j’ai surtout eu l’étrange impression d’assister à des faits, de simples faits, racontés avec un trop grand détachement, sans que l’émotion ne parvienne à m’atteindre. Pourtant, l’amour rencontré un peu tard par la grand-mère de la narratrice, sur le chemin caillouteux d’une existence morne, aurait pu éclairer ce roman et faire évoluer cette froideur qui m’a semblé quasiment omniprésente. Mais il n’en fut rien. Quant à l’écriture qui a pour moi une importance capitale (d’autant plus quand je trouve que le récit manque de souffle et d’intensité), je ne lui ai pas trouvé de charme particulier.
L’œuvre en quelques mots…
« Au fond, elles étaient contentes d’être pauvres, cela valait mieux qu’avoir de l’argent, comme tous ceux qui, à Cagliari, avaient bâti des fortunes sur le malheur des autres, en vendant au marché noir ou en pillant les décombres avant qu’arrivent les pauvres gens à la recherche de leurs biens. Et puis, elles étaient vivantes, mi naras nudda ! ça te paraît rien ! Grand-mère pensait que c’était à cause de la mer, et du ciel bleu, et de l’immensité qu’on voyait du haut des remparts, dans le mistral, tout était si infini qu’on ne pouvait pas s’arrêter à sa petite vie. » (p.27)