Michel Tournier, Vendredi ou la vie sauvage
Robinson, parti faire fortune en Amérique du Sud échoue, au gré d'un naufrage, sur une île déserte, que nulle carte ne signale. Il s'aperçoit alors très vite qu'il ne doit s'en remettre qu'à lui-même et à son ingéniosité pour survivre, dans une nature pas toujours très accueillante. Comment parviendra-t-il à supporter sa solitude ? Arrivera-t-il à imposer ses règles d'homme civilisé à cette nature sauvage et à la domestiquer ou bien est-ce elle, finalement, qui aura le dernier mot ?
Je vous parle aujourd’hui d’un livre que beaucoup d’entre vous ont dû découvrir plus jeune, Vendredi ou la vie sauvage. Michel Tournier a voulu reprendre le mythe de Robinson pour le rendre accessible aux plus jeunes et le pari est réussi ! J’ai vraiment apprécié cette lecture que j’ai trouvée pleine de poésie. L’écriture est agréable ; les chapitres sont courts et rendent la lecture fluide. Si l’histoire est identique au roman de Daniel Defoe, le personnage de Robinson s’efface peu à peu et c’est l’indien Vendredi qui est mis en avant, pour notre plus grand plaisir : ses trouvailles, sa simplicité, sa conception de la vie sont autant d’éléments qui rendent le roman intéressant. On aurait presque envie, comme Robinson, de ne pas quitter l’île et de rester avec cet ami si précieux.
Michel Tournier nous propose une réécriture du mythe parfaitement réussie qu’il ne faut pas hésiter à découvrir !
L’œuvre en quelques mots…
« Dès lors, ils vécurent à quatre sur l’île. Il y avait le vrai Robinson et la poupée Robinson, le vrai Vendredi et la statue de Vendredi, et tous ce que les deux amis auraient pu se faire de mal – les injures, les coups, les colères – ils les faisaient à la copie de l’autre. Entre eux il n’y avait que des gentillesses. » (p.82)
« Plus tard, Vendredi et lui se promenaient sur la plage. Le ciel était bleu, sans nuages, mais comme il était encore très matin, on voyait le disque blanc de la lune à l’ouest. Vendredi qui ramassait des coquillages montra à Robinson un petit galet qui faisait une tache blanche et ronde sur le sable pur et propre. Alors, il leva la main vers la lune et dit à Robinson :
- Ecoute-moi. Est-ce que la lune est le galet du ciel, ou est-ce ce petit galet qui est la lune du sable ?
Et il éclata de rire, comme s’il savait d’avance que Robinson ne pourrait pas répondre à cette drôle de question. » (p.89)