Jack-Alain Léger, Zanzaro Circus
En fanfare, Zanzaro, le clownesque auteur de ce livre, nous invite à le suivre dans le cirque qu'aura été sa vie. On y croise Françoise Sagan, Liz Taylor, Viva Superstar et Derrida. On y souffre avec lui les peines, mais aussi les joies, que lui vaut sa maladie : la psychose maniacodépressive. Comme autant de pop-up surgis sur un écran d'ordinateur, des bribes du passé s'imposent à son souvenir. Et l'on se réjouit de son sens de la dérision. Et on l'accompagne sur la piste d'une vie tout entière consacrée à l'art : à la musique, à l'écriture, à la musique de l'écriture.
J’essaie toujours dans mes billets d’être la plus honnête possible et je dois dire que j’y parviens plutôt bien, même s’il m’arrive de ne pas trop savoir comment parler d’un livre, qu’il s’agisse d’un coup de cœur qui me laisse sans voix ou d’une déception qui m’ennuie. Finalement, les romans que je rejette en bloc sont assez rares mais, quand quelque chose ne me plaît pas, j’ai besoin de le dire.
Je vous présente aujourd’hui un roman que j’ai détesté au plus haut point. Enfin, je vous présente, c’est vite dit, je vais surtout donner mon ressenti car je serais bien en peine de vous dévoiler les subtilités (je ne doute pas qu’il y en ait) de ce roman…
Zanzaro Circus est le dernier roman de Jack-Alain Léger, auteur que je n’avais pas encore eu l’occasion de lire. C’est sans doute une erreur d’avoir lu ce titre-ci sans connaître le personnage, mais passons. J’ouvre le roman, intriguée. Mon regard croise le sous-titre : « Windows du passé surgies de l’oubli » et je sens que j’ai fait fausse route en acceptant de lire ce titre. La citation qui suit me plaît pourtant : « De tous les personnages que crée un écrivain, les meilleurs sont encore ses lecteurs ». Oui, eh bien, justement, le lecteur est à mon sens complètement oublié dans ce roman. L’auteur s’est fait plaisir, à n’en pas douter, mais le lecteur, lui, est laissé à la marge. Ce roman est-il trop intellectualiste ? Je ne sais pas, mais je suis obligée d’avouer que je n’y ai pas compris grand-chose. Le style est vraiment très particulier : les phrases, parfois averbales, s’étirent à n’en plus finir. Un exercice de style périlleux, somme toute assez déplaisant pour la lectrice que je suis. La syntaxe proustienne y est modernisée en format « liste ». Les thèmes se suivent, que dis-je, s’enchevêtrent : l’auteur s’en prend à la presse à scandale, évoque Sagan, parle de son éditeur Charles Bourgois, fait référence à Stendhal, Antigone et Brassens, mentionne la guerre d’Algérie, se souvient d’un professeur d’Henri IV… C’est si décousu que ça en devient inintéressant. Le récit est, en outre, un éternel recommencement, favorisé par ces multiples digressions. Je ne sais pas si c’est un mauvais roman et je me garderai bien de formuler un tel jugement, mais c’est un roman que je n’ai pris aucun plaisir à lire et que j’ai trouvé incompréhensible…
N.B. : Je me contente, en guise de citation, de recopier les premières lignes du texte qui donnent un exemple assez précis du contenu.
L’œuvre en quelques mots…
« Dans un village de la Manche dont le nom m’échappe à présent – Quelquechoseville, il me semble, ou val, très normand en tout cas, note un des convives dans mon souvenir, avec, en vrac, flou, chaleur moite, insolite pour un début d’été, excessive aux dires des uns qui en discutent à plus soif, les autres, la petite bande, que cela indiffère ou ennuie, voire accable, assez polis cependant pour dissimuler encore mais mal : fausses affabilités, offensantes en vérité, échanges furtifs de sourires entendus, agacés, mots tus articulés gros comme par des acteurs du muet, comiques mimiques entre eux, loucheries complices surprises au vol par Bibi, gros malin, quand le pompeux plouc féru d’onomastique normande insiste, pontifie, parle racines, désinences locales, cite des dates, ponctue d’un hein ahané répétitif, hein, compulsif… » (p.9-10)