Hélène Machelon, Trois petits tours

Publié le par calypso

 

Au cours des heures suivant l'arrêt des soins qui maintiennent Rose en vie, ses parents croisent les héros de l'ombre qui les entourent. Leurs vies se racontent dans des portraits (la mère, la pédiatre ou le clown) qui embarquent le lecteur dans un monde d'émotions que généralement on tait. Il se glisse dans les conversations et partage les pensées de chacun pour mieux comprendre l'intensité inouïe du moment.

Une histoire d'amour avec un regard original sur l'inacceptable : la perte d'un enfant.

Un livre percutant et juste au style délicat, porteur d'espoir et de lumière.

 

Il était une fois un pédiatre, un clown triste, un aumônier, une vieille tante abîmée et tant d’autres personnages. Et au centre de cette constellation, une étoile, Rose, l’« enfant végétal » qui s’éteint dès les premières pages du roman, après avoir fait trois petits tours dans la vie, laissant ses parents face à une souffrance qui peine à trouver ses mots et qu’il faut apprendre pourtant à apprivoiser. Parce qu’il ne s’agit pas de se contenter de dire la mort mais bien de célébrer la vie, aussi éphémère soit-elle, la mère-narratrice raconte l’existence de Rose et sa propre impuissance, et mêle sa voix à celles de différents personnages qui ont tous côtoyé l’enfant, membres du personnel hospitalier pour la plupart. A travers leurs pensées, le roman, qui aurait pu être simplement le récit d’un deuil, prend une autre dimension : on passe d’un récit autocentré (attention, absolument rien de négatif dans ce terme, je suis très friande des récits autobiographiques) à un roman choral qui donne beaucoup de force au sujet et l’aborde d’une façon tout à fait originale. Si les fins de chapitres concernant la mère m’ont beaucoup touchée, j’avoue avoir été complètement happée par les passages consacrés au clown et au thanatopracteur notamment. En somme, un beau texte avec des formules aussi émouvantes que percutantes, présenté comme une autofiction, choix qui ne peut être que saluer ici.

Merci, Hélène, pour votre proposition de lecture et cette sensibilité partagée.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« A qui, à quoi suis-je utile à présent ? Par ta naissance, tu as fait de moi une mère dont tu n'as plus besoin. Ta mort m'exclut de celles qui concoctent des compotes maison, qui mouchent le petit nez qui coule, qui refont un lacet, qui tiennent la main pour traverser ou déposent un baiser sur une joue sur le chemin de l'école. » (p.73)

 

« Le monde continue à tourner en t'oubliant, et moi, je te survis sans cesser une seconde de penser à toi. » (p.133)

 

« Jamais tu ne nous as lâchés, j'ai toujours ce curieux sentiment de t'avoir perchée sur mon épaule et d’avancer avec toi. » (p.135)

 

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