Sandrine Conti, Les marques de la récidive

Publié le par calypso

 

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Ce livre est un hurlement silencieux. L’histoire d’une lutte pour la vie. C’est un témoignage, une histoire vraie – ou presque – dans laquelle l’amour et la mort sont liés. Les Marques de la récidive est un témoignage écrit sur le tranchant vif de la maladie. Je devais noter, fixer, donner une structure à ce que j’ai vécu, pour redonner du sens à ma vie.

Nouvelles sulfureuses est une tentative de transposition d’un réel trop lourd à supporter. Une échappée dans l’imaginaire. Une sorte d’échappatoire pour essayer de survivre à des sentiments fluctuants voire contradictoires. Une échappée hors de la maladie et de la douleur. Une échappée hors de la société.

Correspondance met en évidence la difficulté de revenir à un monde réel et normal, d’exprimer des sentiments, quand on a été violée par la maladie.

Ces trois œuvres se succèdent diachroniquement. Le monde s’est dérobé brutalement à moi : j’ai consigné ma chute pour tomber au ralenti, pour ne pas me briser. J’ai écrit pour rendre tangible mon existence éphémère. J’ai organisé mon histoire, je l’ai ciselée et ornée, je l’ai recréée par l’écriture et je vous la livre pour pouvoir oublier : ce ne sera plus mon histoire mais un récit, une fiction, rien de plus.

 

 « Il est très difficile de parler de ce livre… »  Je crois bien que tous mes billets portant sur des récits autobiographiques pourraient commencer ainsi. Et je le dis assez souvent (d’ailleurs je me répète peut-être), je trouve plus délicat de commenter un écrit autobiographique qu’un roman fictionnel. Peut-être pas quand l’écrit en question nous laisse une très bonne impression, mais sans aucun doute quand notre avis est plus mitigé.

Hasard de calendrier, j’ai lu Les Marques de la récidive très peu de temps après Mon fils, sans cancer et moi. Le thème abordé est le même (le cancer) et, bien que celui-ci soit traité de manière complètement différente, il est évident que l’enchaînement de ces deux textes a joué sur ma lecture du second.

« Quand le monde se dérobe à soi, il faut le réinventer » (p.11). C’est par ces quelques mots que Sandrine Conti ouvre son récit, avant même de proposer au lecteur le sommaire très détaillé de son œuvre. Choix intéressant qui prouve que l’agencement de son récit participe à la reconstruction nécessaire après la maladie. De même, les titres sont réfléchis : l’auteure s’interroge dans son préambule sur leur pertinence et avoue qu’elle aurait aimé emprunterceux d’auteurs célèbres dont elle reconnait toutefois ne pas avoir le talent. Une marque d’humilité plutôt appréciable. Sandrine Conti, si elle n’est pas le pendant féminin de Victor Hugo a en tout cas une belle plume. C’est une vraie littéraire, elle enseigne le français et son boulot la passionne. Le lecteur ne peut pas passer à côté de cette information car, c’est là le premier point négatif, elle le répète souvent. Si j’ai trouvé la première partie du livre, à savoir Les Marques de la récidive, intéressante, je n’ai pu m’empêcher de trouver l’ensemble assez décousu. Ce n’est pas systématiquement un point négatif puisqu’après tout, l’écriture autobiographique se matérialise souvent par le besoin de coucher sur le papier ses sentiments, ses doutes, ses espoirs, sans nécessairement que cela s’accompagne d’un agencement précis. Le texte de Sandrine Conti suit le fil de sa pensée (d’où les répétitions) et elle perd parfois le lecteur en route. J’ai été perturbée également par les fréquents changements narratifs : certains passages sont écrits à la 3ème personne, ils évoquent celle que l’auteure a été. Sur le moment, je n’ai pas trouvé ce choix judicieux car il participe à la confusion générale. Puis, j’ai lu cette phrase : « Je ne me suis pas encore retrouvée » (p.104) et il m’a semblé que c’était une belle manière de justifier ce choix narratif. Au-delà de la forme, ce qui est raconté dans Les Marques de la récidive est particulièrement poignant : la douleur physique et morale liée au cancer et en particulier à l’ablation du sein, est décortiquée, analysée, partagée. Cette femme se livre, corps et âme, et il y a tout à parier que ce genre de témoignage doit aider les femmes qui, comme elle, ont vécu la terrible épreuve du cancer. N’allez pas croire toutefois que ce premier texte est tout noir. Il est aussi question des « petits bonheurs » - un chapitre y est d’ailleurs consacré : l’amitié, les sourires, le soutien sans faille des proches…

Je vais avoir beaucoup plus de mal à vous parler de Nouvelles sulfureuses et de Correspondance, les deux textes suivants. Pourquoi ? Eh bien, simplement parce que je n’ai pas réussi à intégrer leur univers et, si j’ai bien vu le lien avec Les Marques de la récidive, je n’ai en tout cas pas vraiment compris la démarche. Pour le coup, on est vraiment dans quelque chose de très personnel, presque hermétique, je ne sais pas si c’est volontaire… Cette tentative de transformer en fiction l’histoire vécue est, à mon sens, un échec. Mais c’est un sentiment très personnel et je ne voudrais pas que mon avis vous détourne de cette lecture, si elle vous tente.

 

 

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L’œuvre en quelques mots…

 

« J’écris mon histoire sans autre but que celui de donner une consistance de papier à ma tristesse. » (p.15)

 

« Ce livre est une petite étincelle de mon âme, une petite étincelle de ma vie intime. Une toute petite étincelle de vie. Une lumière d’espoir.

Je commence à rêver à nouveau, à imaginer et à reconstruire ma vie en inventant, et en écrivant. » (p.108) 

 

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V
<br /> Sujet trop sensible... je passe.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Je renonce à lire les autobiographies savoir que les souffrances lues sont réelles me place dans une position de voyeure qui m'inspire un immense malaise.<br /> Surtout quand on touche à des thèmes comme la maladie.<br /> J'y renonce par avance même si je respect infiniment cette manière de faire son deuil.<br /> <br /> <br />
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