Nicolas d'Estienne d'Orves, L'Enfant du premier matin
Ils sont tous nés le 11 septembre 2001. Il ne leur reste guère plus d’un an à vivre. Ils parlent tous une langue oubliée. Leur sort est lié au Grand Secret, un secret terrifiant qui remonte à l’aube du monde. Et seul un enfant du premier matin, un enfant du renouveau pourra lever cette malédiction… Seul un enfant du premier matin pourra mettre fin au Grand Secret…
Valentin serait un enfant comme les autres s’il n’était hanté par de terribles cauchemars. Parfois même, prémonitoires.
Depuis la mort de son père, les nuits du petit garçon sont devenues un enfer. Valentin est atteint d’un rare syndrome, qui semble n’affecter que les enfants nés le 11 septembre 2001.
Dernière lueur d’espoir pour Lucie, sa mère : une clinique spécialisée américaine.
Mais là-bas, dans le Wisconsin, les mystères se succèdent : pourquoi Valentin semble-t-il déjà connaître les autres petits malades ? Pourquoi parlent-ils entre eux une langue oubliée de tous ?...
Avec la disparition des enfants, les pièces d’un effrayant puzzle se mettent en place. Le Grand Secret va-t-il enfin être dévoilé ? Valentin serait-il celui qui peut lever, après des millénaires, une antique malédiction ?
Attention : pavé ! L’histoire se déroule sur 630 pages et, si j’ai un peu de mal à dire ce que j’en ai pensé, c’est sans doute parce qu’il y a à la fois du bon et du moins bon dans ce roman.
Mais reprenons au commencement…
Nous sommes en 2010. Cela fait près de vingt ans que Paul Bédarrieux écrit des romans qui s’avèrent être de véritables best-sellers. Alors qu’il se balade avec son fils sur les Champs Elysées, l’écrivain à succès est malencontreusement fauché par une voiture. Or, Valentin, son fils, a vu la scène avant même qu’elle ne se produise. Mais, paralysé par les dramatiques images qui ont envahi son esprit, il n’a rien pu faire pour empêcher l’accident.
Nous sommes en 2013. Valentin vit à Carpentras, auprès de sa mère Lucie qui a fui l’agitation parisienne et est devenue à son tour écrivaine. Son fils est suivi par un pédopsychiatre, Laurent Soulès, car ses prémonitions n’ont jamais cessé de le hanter. Ses nuits sont, en outre, agitées de cauchemars au cours desquels l’enfant parle une langue pour le moins étrange. Mais l’état de santé de Valentin se dégrade subitement à la suite d’une prémonition. Les recherches du pédopsychiatre, touché par le sort de la petite famille et intrigué par la maladie de Valentin, les conduisent tous les trois au Vatican. Une décision s’impose alors : il faut placer Valentin dans une clinique spécialisée, dans le Wisconsin.
Nous sommes en 1891. Felix Fargeot est directeur du Journal de Paris. Il impose à son meilleur journaliste, Yves de Saint-Alveydre, une enquête sur les milieux occultes de Paris. Le jeune homme, aidé par un ami médecin friand d’occultisme, découvre les pratiques sataniques de certains habitants de la capitale et fait la connaissance de l’envoûtante Alizia qui prétend être immortelle.
Le prologue démarre sur les chapeaux de roues et le roman est, en très grande partie, captivant. La construction-même du récit est un véritable vecteur de suspense puisque l’auteur a choisi d’alterner les chapitres en fonction de l’époque à laquelle se déroule l’histoire. Nous sommes tantôt au XXIe siècle et nous suivons avec angoisse l’évolution de la maladie de Valentin, tantôt au XIXe siècle et c’est le sympathique Saint-A que nous observons dans sa quête de vérité. Nous ne cessons de nous demander quel est le lien entre ces deux histoires et comment – parce que nous sentons bien que cela va inéluctablement arriver – les personnages vont croiser leur route. Le roman mêle ésotérisme et surnaturel, évoque le drame du 11 septembre et les civilisations anciennes, questionne l’origine du monde et l’immortalité. Le cocktail est plutôt convaincant et, il faut bien le reconnaître, relativement bien maîtrisé par l’auteur, Nicolas d’Estienne d’Orves. Maîtrisé jusqu’à un certain point peut-être. On a beau savoir que l’auteur n’a pas misé sur le réalisme, la fin du roman est quand même trop rocambolesque (pour moi, le tournant s’effectue avec la disparition d’un des personnages) et l’ensemble finit par être assez confus… c’est dommage !
En somme, la lecture de ce roman a été vraiment agréable et à aucun moment je n’ai été découragée par le nombre de pages, mais finalement je ne suis pas certaine d’avoir tout saisi…
L’œuvre en quelques mots…
« - Je n’ai pas pu arrêter la voiture, maman, tu me crois ?
- Bien sûr, mon cœur.
- C’est pareil avec Emilie. J’ai vu la lame, mais chaque fois il m’empêche de bouger, comme si je n’avais plus le droit de vivre…
Lucie respire profondément, cette phrase l’a toujours terrifiée.
- Il est toujours là, reprend Valentin. Il me regarde. Il ne me quitte jamais…
Levant la tête, l’enfant scrute l’horizon, comme s’il guettait une silhouette. Puis il ajoute, d’une voix étrangement adulte :
- Toujours lui : le démon. » (p.42)