Dean Koontz, Le mari
« Vous avez jusqu'à mercredi minuit.
- C'est dingue ! Où est-ce que je dénicherais deux millions de dollars ?
- Vous trouverez un moyen.
- Ce n'est pas possible. Je ne suis qu'un simple jardinier. Je ne dois pas avoir plus de onze mille dollars à la banque.
- Juste pour que vous sachiez que nous ne plaisantons pas... Vous voyez ce type sur le trottoir d'en face ?
Mitch pivota, le téléphone toujours à l'oreille, et aperçut un homme marchant avec son chien. La journée ensoleillée avait un éclat de porcelaine. Un coup de fusil déchira le calme et le promeneur au chien s’effondra, touché à la tête.
- Mercredi à minuit. Nous sommes vraiment sérieux. »
De son ouverture tendue à son dénouement fracassant, Le mari est un thriller qui mettra à cran les nerfs du lecteur à travers chacun de ses rebondissements et de ses révélations... Après tout, il s'agit d'un roman de Dean Koontz. Et l'expérience est sans équivalent.
Mitchell Rafferty, jardinier de métier et heureux en amour, ne s’attendait pas à recevoir un tel coup de fil, le lundi 14 mai à 11h43. Occupé à planter des impatientes rouges et mauves en compagnie de son ami et collègue Iggy, Mitch croit tout d’abord à un appel de son épouse, Holly. Mais la voix au bout du fil est masculine et autoritaire, et l’homme ne rigole pas : il réclame à Mitch deux millions de dollars en liquide. C’est à ce prix seulement qu’il lui rendra Holly. Les ravisseurs semblent prêts à tout pour récupérer l’argent, en témoigne ce passant abattu en pleine rue sous les yeux effarés de Mitch. Notre héros n’a que quelques heures pour rassembler l’argent et se dépasser, pour l’amour d’Holly.
Puisqu’il faut bien que quelqu’un endosse ce rôle, j’accepte d’être la voix discordante. J’ai lu pour le moment trois avis assez élogieux au sujet de ce roman sur la blogosphère et je n’ai pu m’empêcher de me demander si nous avions, les autres lecteurs et moi-même, lu le même livre. En fait, je me demande à quel point on peut être influencé lorsqu’on lit le roman d’un auteur que l’on adore : à trop aimer l’auteur en question, on a peut-être tendance à excuser plus facilement la qualité médiocre d’un de ses romans, si tous les autres sont excellents. Le problème ne s’est pas posé pour moi car je ne connaissais pas Dean Koontz avant d’avoir Le mari entre les mains ! La découverte a donc été complète et, il faut bien l’avouer, fort décevante. En effet, ce roman ne correspond pas du tout à ce que j’attends d’un thriller… Mais commençons par le commencement ! Sous une couverture simple mais efficace, affichant la couleur de l’amour mais aussi celle du sang et de la vengeance, Le mari est un roman de plus de 400 pages, divisé plutôt judicieusement en trois chapitres aux titres concordants, quoique bien trop long, à mon goût, pour le second et un peu facile, pour le dernier : « Que feriez-vous par amour ? », « Seriez-vous prêt à mourir par amour ? Seriez-vous prêt à tuer ? », « Jusqu’à ce que la mort nous sépare ». L’auteur nous permet d’assister non seulement à la course contre la montre de Mitch, mais également à la captivité d’Holly. C’est un choix intéressant qui permet de rompre un peu avec la monotonie de l’ensemble. Je ne m’attarderai pas sur le manque d’originalité de l’histoire car, finalement, le thème aurait pu être extrêmement bien traité et Dean Koontz aurait pu écrire un roman palpitant. Mais ce n’est pas du tout le cas. Si Le mari n’est pas un roman déplaisant à lire (les pages se tournent assez facilement), ce n’est pas non plus un bon thriller. J’ai souligné, au cours de ma lecture, de très nombreuses faiblesses et relevé pas mal de points négatifs. Les personnages, tout d’abord, ne m’ont pas du tout intéressée et à aucun moment je n’ai ressenti de la compassion pour eux. Leur première conversation téléphonique m’a semblé surréaliste et certaines réflexions d’Holly complètement en décalage avec sa situation dans la suite du roman. Du côté des méchants, ce n’est guère mieux. Entre le gangster qui se tue accidentellement, ceux qui s’entretuent pour récupérer le magot, facilitant ainsi la tâche du héros, ou encore celui qui tient des propos délirants dont je n’ai pas saisi l’intérêt, j’ai eu l’impression d’assister à un sketch ! Sans oublier des descriptions parfois inutiles, je pense notamment à un long et fastidieux passage où tous les frères et sœurs de Mitch nous sont présentés. Il y a bien quelques retournements de situation mais là encore rien d’exceptionnel ! Seul le premier d’entre eux est intéressant.
En résumé, Le mari est un roman qui me semble un peu facile pour un auteur qui a déjà publié plusieurs dizaines de romans…
Avez-vous déjà lu des romans de Dean Koontz et lequel est, pour vous, un incontournable ? Vous constatez que je ne renonce pas si facilement...
L’œuvre en quelques mots…
« Naître, c’est commencer à mourir. La plupart des gens vivent en niant cette cour patiente de la mort jusqu’au moment où, parvenus à un âge avancé et criblés de maux, ils s’aperçoivent qu’elle est assise à leur chevet.
En fait, Mitchell Rafferty aurait pu dire à quelle minute exacte il se rendit compte du caractère inéluctable de sa propre mort : le lundi 14 mai à 11h43, soit trois semaines avant son vingt-huitième anniversaire.
Jusque-là, il avait rarement pensé qu’il mourrait. D’un optimisme congénital, charmé par la beauté de la nature et amusé par le spectacle du genre humain, il n’était guère enclin à se demander quand ni comment lui serait fournie la preuve de sa mortalité, et n’avait pas de raison de le faire non plus. » (p.13)